Petit guide pratique pour tromper la presse régionale Auteur : CouleursFlux Zine : Rafale #18 /// Ce petit manuel est paru à l'origine dans le magazine électronique CouleursFlux #1 en juin 2011. Le magazine contient également plusieurs compte- rendus détaillés d'impostures réalisées auprès de la Presse Quotidienne Régionale, d'une agence régionale de radio ainsi que de la presse régionale en ligne. Quelques captures d'écrans de ces impostures sorties de leur contexte peuvent être trouvées ici. /// I N T R O D U C T I O N La presse régionale est composée des journaux quotidiens (payants ou gratuits) hebdomadaires ou mensuels, des antennes locales de radios nationales ou de stations indépendantes purement locales, ainsi que de chaines de télévisions nationales ayant une rédaction régionale ou encore de petites chaines locales (plus rare en France). On pourrait également élargir à toutes les parutions annexes que sont les journaux de municipalités ou d'associations, et dans une autre mesure à certains blogs influents dédiés à une thématique locale (agenda culturels, blog de citoyen, de « cité », d' initiatives sociales ou de partis politiques déguisés etc...) Ce qui va nous intéresser ici va être de situer et viser les médias locaux qui sont bien référencés dans les autres médias plus importants, pour voir si l'on peut créer un effet boule de neige en balançant de fausses informations reprises, si tout se passe bien, par des journalistes pas très consciencieux comme il y en a beaucoup. Concrètement ce référencement se traduit par le fait que d'autres médias font une revue de presse des articles publiés sur certains journaux locaux, et les quotidiens régionaux par exemple sont une source d'information régulière pour des journaux nationaux, des magazines ou même des rédactions de journal télévisé plus importants en terme d'audience et d'influence. On peut aussi rajouter en parallèle dans la liste des organes de presse régionaux les agences de dépèches comme AFP, Reuter, Associated Press, qui couvrent des évènements et valident des infos, produisent du contenu rédactionnel pour alimenter les rédactions qui sont abonnées. Mais il s'agit d'un domaine à part de notre démonstration. On essaiera d'y revenir dans un prochain numéro. A titre d'exemple et pour info, Ouest-France est le premier quotidien français, bien que régional, avec un tirage de 800 000 exemplaires, et donc une source passée en revue par les autres médias même nationaux. C'est également le cas en général avec les principaux tirages régionaux respectifs dans le reste de la France. Le Dauphiné Libéré lui est une référence (pitoyable) dans 9 départements de la région Rhône-Alpes avec plus de 230 000 exemplaires chaque jour. Et sans aller jusqu'aux médias nationaux, mais comme eux, il va sans dire que la presse régionale à le pouvoir, parfois très relatif, d'influer sur les décisions politiques et culturelles ou d'influencer les achats ou la fréquentation d'un lieu. On parle aussi d' « agenda » pour désigner l'actualité fixée (imposée) par les médias. N'oublions pas de dire clairement que la PQR (Presse Quotidienne Régionale) est une presse très raccoleuse, pas très consciencieuse, faisant ses Unes et des articles entiers sur des infos de la police ou des pompiers transmises directement sans vraie vérification des données ou du contexte (et avec des fautes dans les noms ou les chiffres régulièrement)... bref très mauvaise. L'ANGLE JOURNALISTIQUE Un ensemble de données peut paraître sensiblement différent ou avoir un sens changeant suivant la façon dont il est présenté. Dans le journalisme et la communication on appelle ça l'angle, ou encore l'axe, qui sont à choisir, à décider. Si l'angle est par nature fonction du point de vue qu'il exprime (place à partir de laquelle la chose est vécue, ou résultat des informations collectées en l'état), c'est aussi devenue, par déformation professionnelle ou par manipulation pure et simple, une fin en soi. Transformer des propos, omettre des faits, en inventer ou en rajouter de plus appropriés sont des pratiques courantes chez les innombrables journalistes qui partent d'abord d'un angle biaisé pour écrire un article sur lequel ils/elles colleront des propos et des bribes de faits pour justifier leurs préjugés (ou les attentes supposées de leur lectorat). Comme on étoffe un dossier de presse pour le rendre plus intéressant d'un coté (attaché-e-s de presse, communiquants d'entreprises etc.), de l'autre, chez les journalistes et chroniqueurs/ses, bien souvent on triche aussi un peu (ou beaucoup) pour étoffer un article. NOTES SUR LA PQR (Presse Quotidienne Régionale) Les théories et tests spécifiques à la presse régionale qui sont présentés ici concernent d'abord la France. Ses particularités ne seront donc pas forcément les mêmes que celles de la presse allemande, britannique ou américaine, même si on pourrait facilement vérifier que des caractères comme l'omniprésence des fait-divers dans les journaux locaux sont une constante internationale. Mais entre un torchon finit comme le Dauphiné Libéré qui ressemble à un journal policier titrant en permanence sur la délinquance et les faits-divers minables glanés dans les commissariats de la région, et un autre quotidien régional ailleurs en France, il y aura forcément des variations: différence de ton, différence ponctuelles de traitement des thématiques sociales, différence de prise de risque sur certains scandales (suivant l'orientation politique du groupe), et peut-être une plus grande variété dans les sources habituelles. Mais il reste un autre caractère commun à cette presse, c'est son rapport ambigüe avec les sources justement. Les journalistes locaux n'ont pas 36 solutions (et pas trop d'imagination non plus) pour trouver de quoi remplir les colonnes d'un quotidien, et un bon rapport avec les institutions et les notables permet de s'assurer des rentrées d'info régulières, faciles et si possible exclusives. Ce qui oblige aussi à une certaine auto-censure, pour ne pas se griller en perdant la confiance de ces mêmes sources. Et puis un contrat implicite[1] lie ces journalistes à leurs sources « primaires » qui leur donnent du crédit parcequ'elle sont représentatives de certains pouvoirs, pouvoir complété ou assis par celui des journalistes. La boucle est bouclée... [1] Erik neveu dans Sociologie du journalisme, éditions la découverte 2001 * * * M | A | N | U | E | L Accéder aux médias demande plusieurs connaissances fondamentales: 1 connaitre le format pour présenter bien son information (accroches, angle), avec la langue appropriée (ton, vocabulaire) 2 avoir les contacts personnels et à jour des bons journalistes des rubriques appropriées (dans des médias bien ciblés) 3 connaitre un minimum les prévisions rédactionnelles ou les périodes favorables ou non aux thématiques choisies (4 des notions et des moyens d'anonymat ) 1 - Le format Tout commence par l'invention d'une histoire que l'on pourrait imaginer lire dans les colonnes d'un journal ou d'un magazine, entendre à la radio ou même voir dans un reportage télé du journal (+ difficile car cela demande de créer une vraie situation visuelle pour les caméras). Pour cela lisez beaucoup de magazines et de quotidiens et inspirez-vous des conneries qu'on y trouve, reprenez le style de phrases pleines d'adjectifs et d'évocations à des figures déjà-lues, vues et entendues. Vous verrez vite que rien ne s'invente dans les articles de presse: on ressasse toujours les mêmes structures de narration avec les mêmes variantes d'histoires sur des bases faciles à reconnaître. Sachez juste qu'il y a 2 grands types d'infos dans la presse: « hard news » et « soft news », l'actualité chaude (prioritaire) et le reste (info bouche-trous type magazines)... A vous de savoir quel est votre objectif et votre thématique. Si vous manquez d'idées de thèmes précis voyez les exemples de test en fin de dossier ou les pages de la rubrique « DEMO » suivante. Quand vous avez trouvé un sujet et des arguments pour remplir les colonnes d'un article, affinez ensuite le tout en fonction de ce que vous pouvez fabriquer pour étayer votre histoire bidon. Suivant la nature des infos que vous annoncerez il y a des avantages et des inconvénients dont il faut prendre conscience pour bien choisir. Quelques grands types d'infos-intox avec lesquels il est facile d'infecter des médias sont: -les évènements à venir (possibilité d'avoir des interview avant l'évènement annoncé, des portraits avec un parcours bidon etc., et pas besoin de fournir de photos de l'évènement puisqu'il n'a pas encore eu lieu) -les hauts faits déjà accomplit (plus ou moins insolites, exploits, records) et difficilement vérifiables. Vous devrez fournir un minimum de visuels (photos et mieux encore vidéos, mais parfois sans réel visuel valable ça passe quand même avec la presse quotidienne régionale, tout dépend de l' « actualité »...) donc pensez bien aux types de documents que vous pouvez falsifiez ou pas, aux montages photos que vous êtes capables de réussir ou non, ou à des fausses factures que vous pourriez présenter à une journaliste pendant un entretien. Tout ce qui pourra donner du crédit immédiatement à la lecture de votre futur communiqué est primordial pour réussir une bonne imposture, même si parfois des journalistes vous croiront sans aucune preuves (si si, déjà vécu...), si votre histoire est vraiment très bonne et bien présentée, à un moment médiatique crucial. -un autre type de fausses annonces, encore à part, est le fait de convoquer des conférences de presse. Là on peut tenter d'usurper la qualité d'une institution ou d'une célébrité, ou faire une révélation à propos d'une institution ou célébrité, mais cela demande par exemple de louer un lieu adapté (salle de conférence dans un hotel ou une institution) si le but recherché est effectivement de faire venir des journalistes à un rdv. Les rdv de performances sensationnelles (lacher d'argent, destruction symbolique ou réelle etc.) peuvent aussi être un autre prétexte pour cela, mais il ne faut pas se rater dans les envois aux contacts presse pour que cela fonctionne au mieux. Lire aussi en page 8 du magazine « les définisseurs primaires » et en page 21 « le supra-politique » Une fois l'histoire vaguement ébauchée, viens ensuite le temps d'écrire un communiqué. Là aussi plusieurs règles, celle de la pyramide inversée, des 5 « w » en anglais (what, who, where, when, why - quoi, qui, où, quand, pourquoi), et des notions essentielles de facteurs de valorisation et de validation seront nécessaires. - La pyramide inversée: l'article, donc le communiqué, doit commencer par l'info condensée dans un paragraphe d'attaque, le lead, avec les informations essentielles pour comprendre l'annonce, mais sans tout expliquer. Il faut y mettre de façon concise tous les arguments et références les plus accrocheurs que vous avez pour présenter votre histoire. quoi, qui, où, quand, pourquoi (les 5 « w »): répondez ensuite à ces 5 questions dans le reste de votre communiqué, en n'hésitant pas à faire des intertitres accrocheurs, en couleur, sur chaque paragraphe avec un nouvel argument. En respectant ces 2 règles de base, il ne vous reste plus maintenant qu'à trouver quelqu'un avec une bonne expression écrite (si vous n'êtes pas à l'aise avec la rédaction) pour pondre un texte concis et clair dans le style des articles qui vous auront servi d'inspiration. Ne cherchez pas trop à innover dans le style, mais copiez ce qui se fait dans les magazines passe-partout comme Télérama ou le Nouvel Observateur. Et pensez que s'ils sont bien tournés, certains des paragraphes de votre CP (Communiqué de Presse) risquent d'être tout simplement copiés/collés par endroit si vous obtenez un article dessus. Si ce ne sont pas des paragraphes entiers, au moins des phrases se retrouveront insérées telles quelles, c'est courant. Vous devez donc voir votre CP comme un travail pré-maché qui va faciliter celui du journaliste, toujours pressé par le temps. ---------------- STRUCTURE CLASSIQUE D'UN ARTICLE DE PRESSE ---------------- - Titre - Chapeau (sous-titre un peu plus descriptif mais qui ne fait pas partie de l'article, avec des « accroches », mot-clés et tournures de phrases pour attirer les lecteurs/trices, ou pour doner un éclairage particulier au reste du texte ) > parfois le Lead (premier paragraphe de l'article) remplace un chapeau dans la mise en page - Visuel évocateur (photo, photo d'illustration - pas authentique, illustration...) Corps de l'article: - Attaque, Lead, amorce (paragraphe d'intro, installation de la mise en scène, de l'angle de l'article) - Story: faits, investigation (se limite à 2/3 recherches google voire un ou deux coups de fil sans quitter le bureau, faut pas déconner...) - Chute Réalisez vos communiqués en prenant ce modèle pour prémacher au maximum le travail des journalistes, et évoquer dès le début les thèmes accrocheurs. ------------------------------------------------------------------------------- Valorisation ... A ce stade pour mettre toutes les chances de votre coté, si vous avez une bonne histoire qui mélange de bons ingrédients, il faut que vous sachiez déjà quels arguments et thématiques vont apporter de la valeur à votre information, aux yeux des journalistes. Vous pouvez toujours greffer des arguments types de dossier de presse même si vous ne réalisez qu'un communiqué sur une page (un dossier de presse en fait plusieurs). Ces arguments sont le type d'anecdotes et de références qui gonflent un projet pour avoir des chances d'intéresser les journaleux; c'est ce que j'appelle la mythologie du dossier de presse. C'est valable que votre histoire soit vraie ou fausse, car c'est une pratique courante des attaché(e)s de presse qui veulent que leur « produit » se distingue de la « concurrence » (les attaché(e)s de presse sont les personnes chargées d'organiser la communication d'une entité avec la presse et les médias). On peut gonfler un dossier de presse / CP un peu comme un CV, et ça se pratique largement. Mais si certaines choses sont difficilement vérifiables dans l'immédiat pour des journalistes, par manque de temps (quasiment toujours) ou de compétences (tricheries sur l'état civil, certains chiffres pas accessible au public, des rencontres ou connivences supposées avec des personnalités), d'autres sont par leur nature très difficile à falsifier (prétendre avoir plusieurs centaines de milliers de vues d'une vidéo sans pouvoir montrer cette vidéo ne marchera pas, sauf à mettre en place une arnaque visuelle basique pour les plus naïfs de la profession, ce qui n'est pas totalement inimaginable vu le très bas niveau de compétence de certain/es, mais reste très improbable). ...Validation Pour ce qui est des facteurs de validation, il faut entrer dans des considérations un peu différentes, qui sont moins accessibles sans connaissance préalable des pratiques et de la psychologie journalistique, qui peut varier suivant les médias visés. Mais toutes nos considérations partent du constat que le journalisme « assis » (quasiment aucune vérifications en dehors du bureau et d'internet, et très peu de recherche par téléphone) est une dominante du métier. - LES SOURCES: - Les « définisseurs primaires » [notion de Stuart Hall, 1978, citée dans « Sociologie du journalisme » par Erik Neveu, 2001] En analysant les titres et les articles de la presse, en fouillant et en apprenant les méthodes de travail des journalistes, on s'aperçoit vite que leurs sources d'information prioritaires sont tout d'abord les institutions, organisation officielles et les grandes entreprises, ainsi que toutes les entités importantes et établies, reconnues de réputation comme valeurs sûres ou faisant de grosses audiences. Pour la presse quotidienne régionale, la police et les pompiers sont les sources les plus utilisées, avec peu ou pas de recul. « La tournée », qui consiste à appeler en début de journée la police et les pompiers locaux pour demander s'il est arrivé quelque chose d' « intéressant », est une pratique de base du journalisme de récolte de faits à l'américaine, et qui est aussi le terreau des gros tirages régionaux chez nous. Cette culture du fait-divers entretenue par des policiers bavards est encore distincte du journalisme à la française des magazines plus « nobles »et des rubriques littéraires ou politiques des grands quotidiens, où l'énoncé de quelques faits s'efface vite derrière le style du journaliste, qui a besoin de matière première pour exercer sa prose et affirmer son style littéraire, plutôt que pour donner une vue d'ensemble cohérente, fouillée, et critique sur des faits avérés. Toute la difficulté de réaliser une tromperie dans la presse régionale, et en premier lieu d'arriver à intéresser des journalistes, tient au fait de savoir judicieusement détourner (ou non) la caution de certains définisseurs primaires. Car si on peut facilement reprendre un logo officiel sur un communiqué de presse, on peut plus difficilement faire mentir le gendarme du coin auquel le journaliste habitué téléphonera systématiquement pour vérifier toute rumeur concernant un crime ou un délit par exemple. Donc certains définisseurs primaires sont contournables/détournables, et d'autres pas. - Les fils de presse et dépêches d'agences Les rédactions des médias régionaux ou nationaux possèdent en réseaux internes (intranet) des outils de suivi continus de flux d'informations plus ou moins brutes, qui leurs sont envoyées par des agences de presse extérieures telles qu'AFP ou Reuter, et qui sont validées d'office. Ces « fils de presse », qui existent en différents formats, peuvent aussi comprendre des flux d'images (vidéos ou photos) utilisables à volonté par les journalistes pour illustrer des articles. Cela ne fonctionne pas gratuitement, puisque les rédactions payent des abonnemens à ces agences. Ces agences de presse ont pour rôle de valider des informations pour faciliter le travail rédactionnel des journalistes, donc tout ce qui est relayé par elles est considéré comme sérieux par les gratte-papier qui ne sortiront pas de leur bureau de toute la journée. Ces agences fournissent de la matière première pour toutes sortes d'évènements, mais surtout l'actualité « chaude » (ou « hard » en anglais). Les journalistes d'agences sont donc plus dans une culture de vérification et de terrain que les autres, mais leur travail est beaucoup plus ingrat. Certaines agences fournissent également du contenu déjà rédigé dans le style de telle ou telle rédaction qui en fait la demande (facturée bien sur), pour macher encore plus le travail des suivants dans la chaine de l'information. Mais les agences ne font pas que fournir des infos exclusives ou de première fraicheur d'actualités importantes. Elle peuvent aussi choisir de reprendre des news sorties dans la presse régionale par exemple, en enquêtant un peu pour fournir plus de contenu (Voir l'affaire du portrait google dans le journal Le Tigre). Ce qui ne veut pas dire que les agences sont 100% fiables et ne font pas d'erreurs come les autres journalistes (chiffres, noms etc...). Car il y a toujours la pression du temps, comme ailleurs... En dehors d'évènements avérés ou d'appel d'actualité il est donc beaucoup plus difficile sans une préparation minutieuse de faire passer de fausses infos par les agences. Mais y arriver c'est l'assurance d'un coup réussi médiatiquement... - Les « confrères » La principale faiblesse dans les mécanismes de validation d'info dans la presse reste les journalistes professionnels mais peu compétents. Car il en suffit d'un seul qui se laisse avoir pour qu'un sujet bidon gagne en véracité. Quand vous avez un article dans un journal, si celui-ci n'est pas repris automatiquement dans des revues de presse, vous pouvez ensuite vous appuyez dessus pour continuer votre campagne de presse, en mettant l'article obtenu en évidence. Cela incitera les autres à vous faire confiance, et leur donnera l'envie de suivre l'impulsion de leurs confrères/consoeurs. Même si c'est un peu plus compliqué que ça en pratique, c'est sur ce principe que certains sujets sans intérêts sont repris de journal en journal, parce que si l'un/e en parle, l'autre voudra le faire aussi.Ce n'est pas valable à 100%, mais c'est à prendre en compte. Par contre les journalistes de presse régionale papier veulent souvent, après un premier contact téléphonique, rencontrer les protagonistes d'une information avant d' écrire un papier dessus, et voudront faire des photos. Plus rarement dans certains cas ils/elles se contenteront d'une interview par téléphone. Les chroniqueurs/euses de radio par contre préféreront l'interview par téléphone. 2 - Les contacts Une fois toute la partie rédactionnelle et de mise en page effectuée, il est primordial d'avoir de bons contacts à qui envoyer vos communiqués. Bons ne veut pas forcément dire personnels, mais simplement à jour et correspondants à la rubrique choisie. Même si certain/es journalistes sont généralistes, ils/elles ont quand même souvent des domaines de prédilections, si pas carrément « spécialisées » (vite fait) dans une rubrique particulière. Pour trouver vos contacts il y a plusieurs techniques, gratuites ou payantes, pénibles ou vraiment simples. Pour une info très locale vous pourrez vous contenter de récolter « à la main » les contacts email des journalistes, soit en cherchant sur les sites des journaux, soit en appelant les rédactions par téléphone (attention à votre anonymat), soit en cherchant sur des réseaux numériques publiques des bases de données de contacts presse qui trainent sans être protégées. - A la main Quand vous connaissez les noms des journalistes traitant le type d'info que vous voulez balancer, regardez sur chaque site de journal si des emails sont affichés: il s'agit souvent de l'inital du prénom suivi d'un point et du nom de famille complet, avant l'arobase et le nom de domaine du journal. Par exemple p.perret@chansonsfrancaises.com pour Pierre Perret du journal chansons françaises (totalement fictif). Mais ça pourrait être aussi pierre.perret@chansonsfrancaises.com. Cherchez bien mais certains sites web ne donnent pas les adresses email et proposent à la place un formulaire en ligne pour contacter le journal. Si pas d'autres choix utilisez quand même ce formulaire, mais il y a de fortes chances pour que les messages reçus par ce biais ne soient pas vraiment lus ou juste survolés en fonction du titre... Si vous connaissez des organismes, des associations ou autres qui ont l'habitude de faire des envois à la presse, cherchez à récupérer leur base de données. Demandez directement ou faites en sorte de trouver ces données là où elles sont. Une autre façon de faire peut être de chercher sur des moteurs de recherches puissants comme google (pensez à vous anonymiser), et si vous connaissez déjà une adresse email précise d'un journaliste, que vous aurez obtenu en appelant une rédaction par exemple, vous pouvez tenter de lancer une recherche exacte avec votre adresse valable. Par exemple dans google vous tapez en recherche, avec des guillemets: « p.perret@chansonsfrancaises.com ». La recherche entre guillemets vous permet de faire une recherche de terme exact sur google, et c'est surtout utile pour des phrase avec des espaces. Si il y a des bases de données de contacts presse régionaux archivées sans précautions sur des sites internet, comme des fichiers Excel par exemple, la recherche les trouvera, il faudra fouiller. Moins l'adresse email utilisée pour la recherche est publique plus vous trouverez vite des bases de données dans les premiers résultats, s'il y en a. Méthode testée et approuvée, mais pas garantie. Une autre recherche est possible avec Google en utilisant les « dorks » (expressions utilisées par le moteur) intext: (par exemple intext:p.perret@chansonsfrancaises.com ) ou pour faire une recherche seulement sur un site inurl:chansonsfrancaises.com ou encore par type de fichier filetype:xls par exemple. - Les agences de communication La voie conventionnelle quand on a de l'argent c'est d'acheter ou louer des bases de données pleines de bons contacts de journalistes (email et téléphone). Dans une vraie agence une campagne d'envoi de communiqués peut couter facilement 1000 euros, mais une agence sérieuse vous garantis une distribution efficace, exhaustive, et des messages effectivement lus. Ce qui supprime les risques d'échec dus à de mauvais envois, qui n'arrivent pas, qui sont noyés sous des spams dans une mauvaise boite, ou qui ne sont pas adressés à des journalistes des rubriques adéquates. Mais outre le prix exorbitant (c'est relatif pour une grande entreprise), il y a aussi un autre inconvénient à cette méthode: Si vous payez par carte bleue ou chèque vous n'êtes plus anonymes. Sans aller jusque dans les agences physiques de communication vous pouvez trouver des services vendus sur internet pour la diffusion de communiqués. Certains sont des arnaques, d'autres sont à moitié efficaces, et certains sont très bien. Là-dessus, vous nous excuserez mais on gardera nos informations. Sachez juste que les services extrêment bons marchés ne peuvent pas être autre chose q'une liste de contacts emails communs et inutiles récupérés sur les sites web des médias (du style info@canalplus.fr par exemple). Je dirai qu'en dessous de 90 euros c'est louche, mais que même à ce prix là vous devez chercher à avoir certaines garanties (fréquence de mises à jour des contacts, format fil de presse ou pas, accusés de lectures des messages ou non etc...) avant de dépenser votre argent. Cherchez bien et renseignez-vous bien. Une vraie campagne de diffusion pour tous types de médias en france devrait être entre 3000 et 5000 contacts minimum. 3 - Les périodes Le temps des envois est aussi important. Pour avoir le plus de chances d'être lu au milieu des innombrables autres communiqués il faut ne pas être trop à contre-courant de la tendance du moment, suivant la presse visée. - Prévisions rédactionnelles Pour les magazines il y a par exemple des temps qui reviennent chaque année, où un thème particulier va être abordé en dossier. On appelle ça les marroniers. Quand ce n'est pas une période fixe de l'année (les fêtes, la rentrée, ou le mois du dossier sur les francs-maçons), il reste des décisions prises longtemps à l'avance et qui sont donc prévisibles. Pour ça il faut se renseigner directement auprès des rédactions, mais vous n'obtiendrez pas forcément de bonnes infos la-dessus. Les agences de com peuvent vous vendre aussi (cher) ce genre de sevices de veille sur les prévisions rédactionnelles. Si certaines périodes sont évidemment plus propices à certains thèmes (consommation à Noël par exemple) il vous faut surtout ne pas risquer d'avoir de l'ombre à cause d'un autre sujet du moment qui prend toute la place. Mais cela peut vous arriver aussi en dehors des marroniers, quand une actualité imprévisible est couverte en priorité... - Réunions et horaires Pour les journaux régionaux et les quotidiens vous devez aussi penser qu'il y a des réunions de rédaction ("conférences de rédaction") une ou deux fois par jour (matin et après-midi) pour décider des sujets à traiter, qui peuvent être aussi grossièrement planifiés pour toute la semaine dès le lundi. Faites donc vos envois si possible en début de semaine, le matin. Les bons horaires pour envoyer vos communiqués sont plutôt vers 8/9H, puis vers 11H, et ensuite vers 13H et 15H00. Laisser tomber les horaires plus tard, vous serez surement recouvert par d'autres messages. Les autres jours de la semaine ne sont pas déconseillés, mais évitez juste d'envoyer une info le vendredi pour le lundi suivant. 4 - Anonymat Maintenant il reste des points techniques à considérer, du point de vue de l'anonymat recherché. L'essentiel des communications se fait aujourd'hui par internet (email et fichiers joints, espace presse sur site web etc.) et vous devrez donc utiliser des moyens d'anonymat très surs. Reste aussi le problême du téléphone, car un contact téléphonique authentique sur un communiqué rendra votre info plus crédible et certains journalistes préfèrent appeler directement plutôt que répondre à un email. INFORMATIQUE ET INTERNET : - Anonymat des fichiers Lorsque vous créez un document sur un ordinateur, votre système d'exploitation (Windows, Mac, Linux) garde des traces de vos fichiers même une fois effacés. En plus de cela, des métadonnées sont enregistrées avec vos documents, qui peuvent vous trahir, ou être utilisées contre vous en cas de saisie de votre matériel informatique). Ces métadonnées sont par exemple le nom de l'utilisateur dans la session que vous utilisez, utilisateur qui est « propriétaire » du document, la version du logiciel utilisé, les dates et heures de création, voire de modification etc. La seule solution vraiment propre pour éviter d'être confondu est d'utiliser un système live, non persistant, qui ne gardera pas les traces de vos documents (vous les enregistrerez à part sur une clé cryptée que vous cacherez bien). Un systême live peut être éxécuté au démarrage de l'ordinateur sous forme de CD ou de clé USB. Mais vous devez vous assurer que le systême live utilisé ne se sert pas du disque dur de votre ordinateur pour y placer un espace de mémoire « SWAP ». Soit une option « no hard disk » ou « no swap » vous est proposée au démarrage, soit vous devrez trouver un système live adéquate. Le plus conseillé est TAILS (tails.boum.org), qui a l'avantage de faire passer toutes les connexions à internet par le réseau Tor, pour tous les logiciels présents dans cette distribution linux (client email, client IRC, navigateur web etc...). - Anonymat des adresses ip Le réseau Tor vous garantie un fort anonymat au niveau des connexions internet. Ceci dit suivant la nature plus ou moins délicate de vos expériences vous ne devriez pas vous reposer entièrement dessus. Cela implique que vous vous connectiez ailleurs que depuis un abonnement à votre nom. Car en cas de bug ou de faille sérieuse découverte vous prendriez beaucoup de risque. Cherchez donc des hotspots Wifi ou d'autres points de connexions publiques pour ne prendre aucun risque quand vous tentez quelque chose de vraiment chaud. Sur internet vous laissez votre adresse ip chaque fois que vous vous connectez quelque part (envoi d'email, simple visite de sites web, log dans un compte sur réseau social...). Vous devez donc anonymiser toutes vos connexions si vous ne voulez pas être réveillé-es un jour à 6h du matin par la police. En règle général il faut aussi prendre l'habitude d'utiliser les adresses de site en https:// plutôt qu'en http:// car cela garanti que le contenu que vous envoyez ou recevez n'est pas lu et altéré par quelqu'un qui vous espionnerai. C'est valable particulièrement pour les pages de login, et encore plus lorsque vous utilisez Tor. Donc logguez vous toujours en rajoutant un « s » après http sur vos pages de connexion email, réseaux sociaux ou autres ! (si ça ne marche pas c'est que le site en question n'a pas de serveur https, et ça ça craint) TELEPHONE - Carte sim anonyme Vous devrez prendre plusieurs précautions contraignantes pour être anonyme par rapport au téléphone. Au moment de lancer une campagne de presse (envois de communiqué), achetez une carte sim sans forfait dans un bureau de tabac. Ça vous coutera entre 10 et 30 euros, et vous aurez 2 semaines d'utilisation anonyme du téléphone avant d'être obligé d'envoyer une photocopie de carte d'identité (à défaut la ligne est suspendu). Pour recharger votre crédit vous acheterez des recharges type mobicarte, toujours en bureau de tabac. Evitez les bureau de tabac avec une caméra juste en face du comptoir quand vous achetez votre carte sim des fois qu'une enquête retrace le lieu d'achat de votre puce anonyme. Ensuite pour l'utilisation du téléphone, gardez-en un spécialement dédié à cette ligne anonyme, de préférence jamais utilisé avec un abonnement à votre nom (possibilté d'association de votre nom avec le numéro IMEI unique du téléphone -sorte de numéro de série. En théorie l'association est faite seulement après une déclaration de vol, pour bloquer le téléphone même avec une autre carte sim, mais dans le doute, mieux vaut un tel dédié...) . Enlevez la puce et la batterie de l'appareil après chaque coup de fil ou consultation de votre messagerie, que vous ferez depuis un autre point géographique que votre domicile, parce que les antennes relais auxquelles se connectent votre téléphone renseignent assez précisément sur votre localisation (et oui c'est de la géolocalisation sans GPS). Donc vous gardez votre téléphone avec la puce et la batterie enlevée chez vous, et vous ne les remettez que lorsque vous allez ailleurs en ville pour écouter vos messages et appeler. C'est contraignant mais comme ça vous êtes vraiment tranquilles. Attention aussi aux caméras de vidéo- surveillance dans la rue quand vous vous arrétez quelque part pour remettre votre puce dans le téléphone. |