Petit guide pratique
                        pour tromper la presse régionale
Auteur : CouleursFlux
Zine : Rafale #18

/// Ce petit manuel est paru à l'origine dans le magazine électronique 
CouleursFlux #1 en juin 2011. Le magazine contient également plusieurs compte-
rendus détaillés d'impostures réalisées auprès de la Presse Quotidienne 
Régionale, d'une agence régionale de radio ainsi que de la presse régionale en 
ligne. Quelques captures d'écrans de ces impostures sorties de leur contexte 
peuvent être trouvées ici. ///



I N T R O D U C T I O N

 La presse régionale est composée des journaux quotidiens (payants ou gratuits) 
 hebdomadaires ou mensuels, des antennes locales de radios nationales ou de 
 stations indépendantes purement locales, ainsi que de chaines de télévisions 
 nationales ayant une rédaction régionale ou encore de petites chaines locales 
 (plus rare en France). On pourrait également élargir à toutes les parutions 
 annexes que sont les journaux de municipalités ou d'associations, et dans une 
 autre mesure à certains blogs influents dédiés à une thématique locale (agenda 
 culturels, blog de citoyen, de « cité », d' initiatives sociales ou de partis 
 politiques déguisés etc...)

Ce qui va nous intéresser ici va être de situer et viser les médias locaux qui 
sont bien référencés dans les autres médias plus importants, pour voir si l'on 
peut créer un effet boule de neige en balançant de fausses informations 
reprises, si tout se passe bien, par des journalistes pas très consciencieux 
comme il y en a beaucoup.

Concrètement ce référencement se traduit par le fait que d'autres médias font 
une revue de presse des articles publiés sur certains journaux locaux, et les 
quotidiens régionaux par exemple sont une source d'information régulière pour 
des journaux nationaux, des magazines ou même des rédactions de journal 
télévisé plus importants en terme d'audience et d'influence.

On peut aussi rajouter en parallèle dans la liste des organes de presse 
régionaux les agences de dépèches comme AFP, Reuter, Associated Press, qui 
couvrent des évènements et valident des infos, produisent du contenu 
rédactionnel pour alimenter les rédactions qui sont abonnées. Mais il s'agit 
d'un domaine à part de notre démonstration. On essaiera d'y revenir dans un 
prochain numéro.

A titre d'exemple et pour info, Ouest-France est le premier quotidien français, 
bien que régional, avec un tirage de 800 000 exemplaires, et donc une source 
passée en revue par les autres médias même nationaux. C'est également le cas en 
général avec les principaux tirages régionaux respectifs dans le reste de la 
France. Le Dauphiné Libéré lui est une référence (pitoyable) dans 9 
départements de la région Rhône-Alpes avec plus de 230 000 exemplaires chaque 
jour. Et sans aller jusqu'aux médias nationaux, mais comme eux, il va sans dire 
que la presse régionale à le pouvoir, parfois très relatif, d'influer sur les 
décisions politiques et culturelles ou d'influencer les achats ou la 
fréquentation d'un lieu. On parle aussi d' « agenda » pour désigner l'actualité 
fixée (imposée) par les médias.

N'oublions pas de dire clairement que la PQR (Presse Quotidienne Régionale) est 
une presse très raccoleuse, pas très consciencieuse, faisant ses Unes et des 
articles entiers sur des infos de la police ou des pompiers transmises 
directement sans vraie vérification des données ou du contexte (et avec des 
fautes dans les noms ou les chiffres régulièrement)... bref très mauvaise.


L'ANGLE JOURNALISTIQUE

Un ensemble de données peut paraître sensiblement différent ou avoir un sens 
changeant suivant la façon dont il est présenté.

Dans le journalisme et la communication on appelle ça l'angle, ou encore l'axe, 
qui sont à choisir, à décider. Si l'angle est par nature fonction du point de 
vue qu'il exprime (place à partir de laquelle la chose est vécue, ou résultat 
des informations collectées en l'état), c'est aussi devenue, par déformation 
professionnelle ou par manipulation pure et simple, une fin en soi. Transformer 
des propos, omettre des faits, en inventer ou en rajouter de plus appropriés 
sont des pratiques courantes chez les innombrables journalistes qui partent 
d'abord d'un angle biaisé pour écrire un article sur lequel ils/elles colleront 
des propos et des bribes de faits pour justifier leurs préjugés (ou les 
attentes supposées de leur lectorat).

Comme on étoffe un dossier de presse pour le rendre plus intéressant d'un coté 
(attaché-e-s de presse, communiquants d'entreprises etc.), de l'autre, chez les 
journalistes et chroniqueurs/ses, bien souvent on triche aussi un peu (ou 
beaucoup) pour étoffer un article.


NOTES SUR LA PQR (Presse Quotidienne Régionale)

 Les théories et tests spécifiques à la presse régionale qui sont présentés ici 
 concernent d'abord la France. Ses particularités ne seront donc pas forcément 
 les mêmes que celles de la presse allemande, britannique ou américaine, même 
 si on pourrait facilement vérifier que des caractères comme l'omniprésence des 
 fait-divers dans les journaux locaux sont une constante internationale. Mais 
 entre un torchon finit comme le Dauphiné Libéré qui ressemble à un journal 
 policier titrant en permanence sur la délinquance et les faits-divers minables 
 glanés dans les commissariats de la région, et un autre quotidien régional 
 ailleurs en France, il y aura forcément des variations: différence de ton, 
 différence ponctuelles de traitement des thématiques sociales, différence de 
 prise de risque sur certains scandales (suivant l'orientation politique du 
 groupe), et peut-être une plus grande variété dans les sources habituelles. 
 Mais il reste un autre caractère commun à cette presse, c'est son rapport 
 ambigüe avec les sources justement. Les journalistes locaux n'ont pas 36 
 solutions (et pas trop d'imagination non plus) pour trouver de quoi remplir 
 les colonnes d'un quotidien, et un bon rapport avec les institutions et les 
 notables permet de s'assurer des rentrées d'info régulières, faciles et si 
 possible exclusives. Ce qui oblige aussi à une certaine auto-censure, pour ne 
 pas se griller en perdant la confiance de ces mêmes sources. Et puis un 
 contrat implicite[1] lie ces journalistes à leurs sources « primaires » qui 
 leur donnent du crédit parcequ'elle sont représentatives de certains pouvoirs, 
 pouvoir complété ou assis par celui des journalistes. La boucle est bouclée...

[1] Erik neveu dans Sociologie du journalisme, éditions la découverte 2001

* * *




                          M | A | N | U | E | L

Accéder aux médias demande plusieurs connaissances fondamentales:

1 connaitre le format pour présenter bien son information (accroches, angle), 
avec la langue appropriée (ton, vocabulaire)

2 avoir les contacts personnels et à jour des bons journalistes des rubriques 
appropriées (dans des médias bien ciblés)

3 connaitre un minimum les prévisions rédactionnelles ou les périodes 
favorables ou non aux thématiques choisies

(4 des notions et des moyens d'anonymat )



1 - Le format
Tout commence par l'invention d'une histoire que l'on pourrait imaginer lire 
dans les colonnes d'un journal ou d'un magazine, entendre à la radio ou même 
voir dans un reportage télé du journal (+ difficile car cela demande de créer 
une vraie situation visuelle pour les caméras). Pour cela lisez beaucoup de 
magazines et de quotidiens et inspirez-vous des conneries qu'on y trouve, 
reprenez le style de phrases pleines d'adjectifs et d'évocations à des figures 
déjà-lues, vues et entendues. Vous verrez vite que rien ne s'invente dans les 
articles de presse: on ressasse toujours les mêmes structures de narration avec 
les mêmes variantes d'histoires sur des bases faciles à reconnaître.

Sachez juste qu'il y a 2 grands types d'infos dans la presse: « hard news » et 
« soft news », l'actualité chaude (prioritaire) et le reste (info bouche-trous 
type magazines)...


A vous de savoir quel est votre objectif et votre thématique. Si vous manquez 
d'idées de thèmes précis voyez les exemples de test en fin de dossier ou les 
pages de la rubrique « DEMO » suivante. Quand vous avez trouvé un sujet et des 
arguments pour remplir les colonnes d'un article, affinez ensuite le tout en 
fonction de ce que vous pouvez fabriquer pour étayer votre histoire bidon. 
Suivant la nature des infos que vous annoncerez il y a des avantages et des 
inconvénients dont il faut prendre conscience pour bien choisir.

Quelques grands types d'infos-intox avec lesquels il est facile d'infecter des 
médias sont:

-les évènements à venir (possibilité d'avoir des interview avant l'évènement 
annoncé, des portraits avec un parcours bidon etc., et pas besoin de fournir de 
photos de l'évènement puisqu'il n'a pas encore eu lieu)

-les hauts faits déjà accomplit (plus ou moins insolites, exploits, records) et 
difficilement vérifiables. Vous devrez fournir un minimum de visuels (photos et 
mieux encore vidéos, mais parfois sans réel visuel valable ça passe quand même 
avec la presse quotidienne régionale, tout dépend de l' « actualité »...) donc 
pensez bien aux types de documents que vous pouvez falsifiez ou pas, aux 
montages photos que vous êtes capables de réussir ou non, ou à des fausses 
factures que vous pourriez présenter à une journaliste pendant un entretien. 
Tout ce qui pourra donner du crédit immédiatement à la lecture de votre futur 
communiqué est primordial pour réussir une bonne imposture, même si parfois des 
journalistes vous croiront sans aucune preuves (si si, déjà vécu...), si votre 
histoire est vraiment très bonne et bien présentée, à un moment médiatique 
crucial.

-un autre type de fausses annonces, encore à part, est le fait de convoquer des 
conférences de presse. Là on peut tenter d'usurper la qualité d'une institution 
ou d'une célébrité, ou faire une révélation à propos d'une institution ou 
célébrité, mais cela demande par exemple de louer un lieu adapté (salle de 
conférence dans un hotel ou une institution) si le but recherché est 
effectivement de faire venir des journalistes à un rdv. Les rdv de performances 
sensationnelles (lacher d'argent, destruction symbolique ou réelle etc.) 
peuvent aussi être un autre prétexte pour cela, mais il ne faut pas se rater 
dans les envois aux contacts presse pour que cela fonctionne au mieux.

Lire aussi en page 8 du magazine « les  définisseurs primaires » et en page 21 
« le supra-politique »


Une fois l'histoire vaguement ébauchée, viens ensuite le temps d'écrire un 
communiqué. Là aussi plusieurs règles, celle de la pyramide inversée, des 5 « w 
» en anglais (what, who, where, when, why - quoi, qui, où, quand, pourquoi), et 
des notions essentielles de facteurs de valorisation et de validation seront 
nécessaires.

- La pyramide inversée:

l'article, donc le communiqué, doit commencer par l'info condensée dans un 
paragraphe d'attaque, le lead, avec les informations essentielles pour 
comprendre l'annonce, mais sans tout expliquer. Il faut y mettre de façon 
concise tous les arguments et références les plus accrocheurs que vous avez 
pour présenter votre histoire.

quoi, qui, où, quand, pourquoi (les 5 « w »): répondez ensuite à ces 5 
questions dans le reste de votre communiqué, en n'hésitant pas à faire des 
intertitres accrocheurs, en couleur, sur chaque paragraphe avec un nouvel 
argument.

En respectant ces 2 règles de base, il ne vous reste plus maintenant qu'à 
trouver quelqu'un avec une bonne expression écrite (si vous n'êtes pas à l'aise 
avec la rédaction) pour pondre un texte concis et clair dans le style des 
articles qui vous auront servi d'inspiration. Ne cherchez pas trop à innover 
dans le style, mais copiez ce qui se fait dans les magazines passe-partout 
comme Télérama ou le Nouvel Observateur. Et pensez que s'ils sont bien tournés, 
certains des paragraphes de votre CP (Communiqué de Presse) risquent d'être 
tout simplement copiés/collés par endroit si vous obtenez un article dessus. Si 
ce ne sont pas des paragraphes entiers, au moins des phrases se retrouveront 
insérées telles quelles, c'est courant. Vous devez donc voir votre CP comme un 
travail pré-maché qui va faciliter celui du journaliste, toujours pressé par le 
temps.

---------------- STRUCTURE CLASSIQUE D'UN ARTICLE DE PRESSE ----------------

- Titre

- Chapeau (sous-titre un peu plus descriptif mais qui ne fait pas partie de 
l'article, avec des « accroches », mot-clés et tournures de phrases pour 
attirer les lecteurs/trices, ou pour doner un éclairage particulier au reste du 
texte ) > parfois le Lead (premier paragraphe de l'article) remplace un chapeau 
dans la mise en page

- Visuel évocateur (photo, photo d'illustration - pas authentique, 
illustration...)

Corps de l'article:

- Attaque, Lead, amorce  (paragraphe d'intro, installation de la mise en scène, 
de l'angle de l'article)

- Story: faits, investigation (se limite à 2/3 recherches google voire un ou 
deux coups de fil sans quitter le bureau, faut pas déconner...)

- Chute

Réalisez vos communiqués en prenant ce modèle pour prémacher au maximum le 
travail des journalistes, et évoquer dès le début les thèmes accrocheurs.

-------------------------------------------------------------------------------


Valorisation ...

A ce stade pour mettre toutes les chances de votre coté, si vous avez une bonne 
histoire qui mélange de bons ingrédients, il faut que vous sachiez déjà quels 
arguments et thématiques vont apporter de la valeur à votre information, aux 
yeux des journalistes. Vous pouvez toujours greffer des arguments types de 
dossier de presse même si vous ne réalisez qu'un communiqué sur une page (un 
dossier de presse en fait plusieurs). Ces arguments sont le type d'anecdotes et 
de références qui gonflent un projet pour avoir des chances d'intéresser les 
journaleux; c'est ce que j'appelle la mythologie du dossier de presse. C'est 
valable que votre histoire soit vraie ou fausse, car c'est une pratique 
courante des attaché(e)s de presse qui veulent que leur « produit » se 
distingue de la « concurrence » (les attaché(e)s de presse sont les personnes 
chargées d'organiser la communication d'une entité avec la presse et les 
médias). On peut gonfler un dossier de presse / CP un peu comme un CV, et ça se 
pratique largement.

Mais si certaines choses sont difficilement vérifiables dans l'immédiat pour 
des journalistes, par manque de temps (quasiment toujours) ou de compétences 
(tricheries sur l'état civil, certains chiffres pas accessible au public, des 
rencontres ou connivences supposées avec des personnalités), d'autres sont par 
leur nature très difficile à falsifier (prétendre avoir plusieurs centaines de 
milliers de vues d'une vidéo sans pouvoir montrer cette vidéo ne marchera pas, 
sauf à mettre en place une arnaque visuelle basique pour les plus naïfs de la 
profession, ce qui n'est pas totalement inimaginable vu le très bas niveau de 
compétence de certain/es, mais reste très improbable).


...Validation

Pour ce qui est des facteurs de validation, il faut entrer dans des 
considérations un peu différentes, qui sont moins accessibles sans connaissance 
préalable des pratiques et de la psychologie journalistique, qui peut varier 
suivant les médias visés. Mais toutes nos considérations partent du constat que 
le journalisme « assis » (quasiment aucune vérifications en dehors du bureau et 
d'internet, et très peu de recherche par téléphone) est une dominante du 
métier.


- LES SOURCES:

- Les « définisseurs primaires » [notion de Stuart Hall, 1978, citée dans 
« Sociologie du journalisme » par Erik Neveu, 2001]

En analysant les titres et les articles de la presse, en fouillant et en 
apprenant les méthodes de travail des journalistes, on s'aperçoit vite que 
leurs sources d'information prioritaires sont tout d'abord les institutions, 
organisation officielles et les grandes entreprises, ainsi que toutes les 
entités importantes et établies, reconnues de réputation comme valeurs sûres ou 
faisant de grosses audiences. Pour la presse quotidienne régionale, la police 
et les pompiers sont les sources les plus utilisées, avec peu ou pas de recul. 
« La tournée », qui consiste à appeler en début de journée la police et les 
pompiers locaux pour demander s'il est arrivé quelque chose d' « intéressant », 
est une pratique de base du journalisme de récolte de faits à l'américaine, et 
qui est aussi le terreau des gros tirages régionaux chez nous. Cette culture du 
fait-divers entretenue par des policiers bavards est encore distincte du 
journalisme à la française des magazines plus « nobles »et des rubriques 
littéraires ou politiques des grands quotidiens, où l'énoncé de quelques faits 
s'efface vite derrière le style du journaliste, qui a besoin de matière 
première pour exercer sa prose et affirmer son style littéraire, plutôt que 
pour donner une vue d'ensemble cohérente, fouillée, et critique sur des faits 
avérés.

Toute la difficulté de réaliser une tromperie dans la presse régionale, et en 
premier lieu d'arriver à intéresser des journalistes, tient au fait de savoir 
judicieusement détourner (ou non) la caution de certains définisseurs 
primaires. Car si on peut facilement reprendre un logo officiel sur un 
communiqué de presse, on peut plus difficilement faire mentir le gendarme du 
coin auquel le journaliste habitué téléphonera systématiquement pour vérifier 
toute rumeur concernant un crime ou un délit par exemple. Donc certains 
définisseurs primaires sont contournables/détournables, et d'autres pas.


- Les fils de presse et dépêches d'agences

Les rédactions des médias régionaux ou nationaux possèdent en réseaux internes 
(intranet) des outils de suivi continus de flux d'informations plus ou moins 
brutes, qui leurs sont envoyées par des agences de presse extérieures telles 
qu'AFP ou Reuter, et qui sont validées d'office. Ces « fils de presse », qui 
existent en différents formats, peuvent aussi comprendre des flux d'images 
(vidéos ou photos) utilisables à volonté par les journalistes pour illustrer 
des articles. Cela ne fonctionne pas gratuitement, puisque les rédactions 
payent des abonnemens à ces agences. Ces agences de presse ont pour rôle de 
valider des informations pour faciliter le travail rédactionnel des 
journalistes, donc tout ce qui est relayé par elles est considéré comme sérieux 
par les gratte-papier qui ne sortiront pas de leur bureau de toute la journée. 
Ces agences fournissent de la matière première pour toutes sortes d'évènements, 
mais surtout l'actualité « chaude » (ou « hard » en anglais). Les journalistes 
d'agences sont donc plus dans une culture de vérification et de terrain que les 
autres, mais leur travail est beaucoup plus ingrat. Certaines agences 
fournissent également du contenu déjà rédigé dans le style de telle ou telle 
rédaction qui en fait la demande (facturée bien sur), pour macher encore plus 
le travail des suivants dans la chaine de l'information. Mais les agences ne 
font pas que fournir des infos exclusives ou de première fraicheur d'actualités 
importantes. Elle peuvent aussi choisir de reprendre des news sorties dans la 
presse régionale par exemple, en enquêtant un peu pour fournir plus de contenu 
(Voir l'affaire du portrait google dans le journal Le Tigre).

Ce qui ne veut pas dire que les agences sont 100% fiables et ne font pas 
d'erreurs come les autres journalistes (chiffres, noms etc...). Car il y a 
toujours la pression du temps, comme ailleurs... En dehors d'évènements avérés 
ou d'appel d'actualité il est donc beaucoup plus difficile sans une préparation 
minutieuse de faire passer de fausses infos par les agences. Mais y arriver 
c'est l'assurance d'un coup réussi médiatiquement...


- Les « confrères »

La principale faiblesse dans les mécanismes de validation d'info dans la presse 
reste les journalistes professionnels mais peu compétents. Car il en suffit 
d'un seul qui se laisse avoir pour qu'un sujet bidon gagne en véracité. Quand 
vous avez un article dans un journal, si celui-ci n'est pas repris 
automatiquement dans des revues de presse, vous pouvez ensuite vous appuyez 
dessus pour continuer votre campagne de presse, en mettant l'article obtenu en 
évidence. Cela incitera les autres à vous faire confiance, et leur donnera 
l'envie de suivre l'impulsion de leurs confrères/consoeurs. Même si c'est un 
peu plus compliqué que ça en pratique, c'est sur ce principe que certains 
sujets sans intérêts sont repris de journal en journal, parce que si l'un/e en 
parle, l'autre voudra le faire aussi.Ce n'est pas valable à 100%, mais c'est à 
prendre en compte. Par contre les journalistes de presse régionale papier 
veulent souvent, après un premier contact téléphonique, rencontrer les 
protagonistes d'une information avant d' écrire un papier dessus, et voudront 
faire des photos. Plus rarement dans certains cas ils/elles se contenteront 
d'une interview par téléphone. Les chroniqueurs/euses de radio par contre 
préféreront l'interview par téléphone.



2 - Les contacts

Une fois toute la partie rédactionnelle et de mise en page effectuée, il est 
primordial d'avoir de bons contacts à qui envoyer vos communiqués. Bons ne veut 
pas forcément dire personnels, mais simplement à jour et correspondants à la 
rubrique choisie. Même si certain/es journalistes sont généralistes, ils/elles 
ont quand même souvent des domaines de prédilections, si pas carrément « 
spécialisées » (vite fait) dans une rubrique particulière.

Pour trouver vos contacts il y a plusieurs techniques, gratuites ou payantes, 
pénibles ou vraiment simples. Pour une info très locale vous pourrez vous 
contenter de récolter « à la main » les contacts email des journalistes, soit 
en cherchant sur les sites des journaux, soit en appelant les rédactions par 
téléphone (attention à votre anonymat), soit en cherchant sur des réseaux 
numériques publiques des bases de données de contacts presse qui trainent sans 
être protégées.


- A la main

Quand vous connaissez les noms des journalistes traitant le type d'info que 
vous voulez balancer, regardez sur chaque site de journal si des emails sont 
affichés: il s'agit souvent de l'inital du prénom suivi d'un point et du nom de 
famille complet, avant l'arobase et le nom de domaine du journal. Par exemple 
p.perret@chansonsfrancaises.com pour Pierre Perret du journal chansons 
françaises (totalement fictif). Mais ça pourrait être aussi 
pierre.perret@chansonsfrancaises.com. Cherchez bien mais certains sites web ne 
donnent pas les adresses email et proposent à la place un formulaire en ligne 
pour contacter le journal. Si pas d'autres choix utilisez quand même ce 
formulaire, mais il y a de fortes chances pour que les messages reçus par ce 
biais ne soient pas vraiment lus ou juste survolés en fonction du titre...

Si vous connaissez des organismes, des associations ou autres qui ont 
l'habitude de faire des envois à la presse, cherchez à récupérer leur base de 
données. Demandez directement ou faites en sorte de trouver ces données là où 
elles sont.

Une autre façon de faire peut être de chercher sur des moteurs de recherches 
puissants comme google (pensez à vous anonymiser), et si vous connaissez déjà 
une adresse email précise d'un journaliste, que vous aurez obtenu en appelant 
une rédaction par exemple, vous pouvez tenter de lancer une recherche exacte 
avec votre adresse valable. Par exemple dans google vous tapez en recherche, 
avec des guillemets: « p.perret@chansonsfrancaises.com ». La recherche entre 
guillemets vous permet de faire une recherche de terme exact sur google, et 
c'est surtout utile pour des phrase avec des espaces. Si il y a des bases de 
données de contacts presse régionaux archivées sans précautions sur des sites 
internet, comme des fichiers Excel par exemple, la recherche les trouvera, il 
faudra fouiller. Moins l'adresse email utilisée pour la recherche est publique 
plus vous trouverez vite des bases de données dans les premiers résultats, s'il 
y en a. Méthode testée et approuvée, mais pas garantie. Une autre recherche est 
possible avec Google en utilisant les « dorks » (expressions utilisées par le 
moteur) intext: (par exemple intext:p.perret@chansonsfrancaises.com ) ou pour 
faire une recherche seulement sur un site inurl:chansonsfrancaises.com ou 
encore par type de fichier filetype:xls par exemple.


- Les agences de communication

La voie conventionnelle quand on a de l'argent c'est d'acheter ou louer des 
bases de données pleines de bons contacts de journalistes (email et téléphone). 
Dans une vraie agence une campagne d'envoi de communiqués peut couter 
facilement 1000 euros, mais une agence sérieuse vous garantis une distribution 
efficace, exhaustive, et des messages effectivement lus. Ce qui supprime les 
risques d'échec dus à de mauvais envois, qui n'arrivent pas, qui sont noyés 
sous des spams dans une mauvaise boite, ou qui ne sont pas adressés à des 
journalistes des rubriques adéquates. Mais outre le prix exorbitant (c'est 
relatif pour une grande entreprise), il y a aussi un autre inconvénient à cette 
méthode: Si vous payez par carte bleue ou chèque vous n'êtes plus anonymes. 
Sans aller jusque dans les agences physiques de communication vous pouvez 
trouver des services vendus sur internet pour la diffusion de communiqués. 
Certains sont des arnaques, d'autres sont à moitié efficaces, et certains sont 
très bien. Là-dessus, vous nous excuserez mais on gardera nos informations. 
Sachez juste que les services extrêment bons marchés ne peuvent pas être autre 
chose q'une liste de contacts emails communs et inutiles récupérés sur les 
sites web des médias (du style info@canalplus.fr par exemple). Je dirai qu'en 
dessous de 90 euros c'est louche, mais que même à ce prix là vous devez 
chercher à avoir certaines garanties (fréquence de mises à jour des contacts, 
format fil de presse ou pas, accusés de lectures des messages ou non etc...) 
avant de dépenser votre argent. Cherchez bien et renseignez-vous bien.

Une vraie campagne de diffusion pour tous types de médias en france devrait 
être entre 3000 et 5000 contacts minimum.


3 - Les périodes

Le temps des envois est aussi important. Pour avoir le plus de chances d'être 
lu au milieu des innombrables autres communiqués il faut ne pas être trop à 
contre-courant de la tendance du moment, suivant la presse visée.


- Prévisions rédactionnelles

Pour les magazines il y a par exemple des temps qui reviennent chaque année, où 
un thème particulier va être abordé en dossier. On appelle ça les marroniers. 
Quand ce n'est pas une période fixe de l'année (les fêtes, la rentrée, ou le 
mois du dossier sur les francs-maçons), il reste des décisions prises longtemps 
à l'avance et qui sont donc prévisibles. Pour ça il faut se renseigner 
directement auprès des rédactions, mais vous n'obtiendrez pas forcément de 
bonnes infos la-dessus. Les agences de com peuvent vous vendre aussi (cher) ce 
genre de sevices de veille sur les prévisions rédactionnelles. Si certaines 
périodes sont évidemment plus propices à certains thèmes (consommation à Noël 
par exemple) il vous faut surtout ne pas risquer d'avoir de l'ombre à cause 
d'un autre sujet du moment qui prend toute la place. Mais cela peut vous 
arriver aussi en dehors des marroniers, quand une actualité imprévisible est 
couverte en priorité...

- Réunions et horaires

Pour les journaux régionaux et les quotidiens vous devez aussi penser qu'il y a 
des réunions de rédaction ("conférences de rédaction") une ou deux fois par 
jour (matin et après-midi) pour décider des sujets à traiter, qui peuvent être 
aussi grossièrement planifiés pour toute la semaine dès le lundi. Faites donc 
vos envois si possible en début de semaine, le matin. Les bons horaires pour 
envoyer vos communiqués sont plutôt vers 8/9H, puis vers 11H, et ensuite vers 
13H et 15H00. Laisser tomber les horaires plus tard, vous serez surement 
recouvert par d'autres messages. Les autres jours de la semaine ne sont pas 
déconseillés, mais évitez juste d'envoyer une info le vendredi pour le lundi 
suivant.


4 - Anonymat

Maintenant il reste des points techniques à considérer, du point de vue de 
l'anonymat recherché. L'essentiel des communications se fait aujourd'hui par 
internet (email et fichiers joints, espace presse sur site web etc.) et vous 
devrez donc utiliser des moyens d'anonymat très surs. Reste aussi le problême 
du téléphone, car un contact téléphonique authentique sur un communiqué rendra 
votre info plus crédible et certains journalistes préfèrent appeler directement 
plutôt que répondre à un email.

INFORMATIQUE ET INTERNET :

- Anonymat des fichiers

Lorsque vous créez un document sur un ordinateur, votre système d'exploitation 
(Windows, Mac, Linux) garde des traces de vos fichiers même une fois effacés. 
En plus de cela, des métadonnées sont enregistrées avec vos documents, qui 
peuvent vous trahir, ou être utilisées contre vous en cas de saisie de votre 
matériel informatique). Ces métadonnées sont par exemple le nom de 
l'utilisateur dans la session que vous utilisez, utilisateur qui est « 
propriétaire » du document, la version du logiciel utilisé, les dates et heures 
de création, voire de modification etc.

La seule solution vraiment propre pour éviter d'être confondu est d'utiliser un 
système live, non persistant, qui ne gardera pas les traces de vos documents 
(vous les enregistrerez à part sur une clé cryptée que vous cacherez bien). Un 
systême live peut être éxécuté au démarrage de l'ordinateur sous forme de CD ou 
de clé USB. Mais vous devez vous assurer que le systême live utilisé ne se sert 
pas du disque dur de votre ordinateur pour y placer un espace de mémoire « SWAP 
». Soit une option « no hard disk » ou « no swap » vous est proposée au 
démarrage, soit vous devrez trouver un système live adéquate. Le plus conseillé 
est TAILS (tails.boum.org), qui a l'avantage de faire passer toutes les 
connexions à internet par le réseau Tor, pour tous les logiciels présents dans 
cette distribution linux (client email, client IRC, navigateur web etc...).

- Anonymat des adresses ip

Le réseau Tor vous garantie un fort anonymat au niveau des connexions internet. 
Ceci dit suivant la nature plus ou moins délicate de vos expériences vous ne 
devriez pas vous reposer entièrement dessus. Cela implique que vous vous 
connectiez ailleurs que depuis un abonnement à votre nom. Car en cas de bug ou 
de faille sérieuse découverte vous prendriez beaucoup de risque. Cherchez donc 
des hotspots Wifi ou d'autres points de connexions publiques pour ne prendre 
aucun risque quand vous tentez quelque chose de vraiment chaud. Sur internet 
vous laissez votre adresse ip chaque fois que vous vous connectez quelque part 
(envoi d'email, simple visite de sites web, log dans un compte sur réseau 
social...). Vous devez donc anonymiser toutes vos connexions si vous ne voulez 
pas être réveillé-es un jour à 6h du matin par la police.

En règle général il faut aussi prendre l'habitude d'utiliser les adresses de 
site en https:// plutôt qu'en http:// car cela garanti que le contenu que vous 
envoyez ou recevez n'est pas lu et altéré par quelqu'un qui vous espionnerai. 
C'est valable particulièrement pour les pages de login, et encore plus lorsque 
vous utilisez Tor. Donc logguez vous toujours en rajoutant un « s » après http 
sur vos pages de connexion email, réseaux sociaux ou autres ! (si ça ne marche 
pas c'est que le site en question n'a pas de serveur https, et ça ça craint)

TELEPHONE 

- Carte sim anonyme

Vous devrez prendre plusieurs précautions contraignantes pour être anonyme par 
rapport au téléphone. Au moment de lancer une campagne de presse (envois de 
communiqué), achetez une carte sim sans forfait dans un bureau de tabac. Ça 
vous coutera entre 10 et 30 euros, et vous aurez 2 semaines d'utilisation 
anonyme du téléphone avant d'être obligé d'envoyer une photocopie de carte 
d'identité (à défaut la ligne est suspendu). Pour recharger votre crédit vous 
acheterez des recharges type mobicarte, toujours en bureau de tabac. Evitez les 
bureau de tabac avec une caméra juste en face du comptoir quand vous achetez 
votre carte sim des fois qu'une enquête retrace le lieu d'achat de votre puce 
anonyme.

Ensuite pour l'utilisation du téléphone, gardez-en un spécialement dédié à 
cette ligne anonyme, de préférence jamais utilisé avec un abonnement à votre 
nom (possibilté d'association de votre nom avec le numéro IMEI unique du 
téléphone -sorte de numéro de série. En théorie l'association est faite 
seulement après une déclaration de vol, pour bloquer le téléphone même avec une 
autre carte sim, mais dans le doute, mieux vaut un tel dédié...) . Enlevez la 
puce et la batterie de l'appareil après chaque coup de fil ou consultation de 
votre messagerie, que vous ferez depuis un autre point géographique que votre 
domicile, parce que les antennes relais auxquelles se connectent votre 
téléphone renseignent assez précisément sur votre localisation (et oui c'est de 
la géolocalisation sans GPS). Donc vous gardez votre téléphone avec la puce et 
la batterie enlevée chez vous, et vous ne les remettez que lorsque vous allez 
ailleurs en ville pour écouter vos messages et appeler. C'est contraignant mais 
comme ça vous êtes vraiment tranquilles. Attention aussi aux caméras de vidéo-
surveillance dans la rue quand vous vous arrétez quelque part pour remettre 
votre puce dans le téléphone.